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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/241

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— Et que diable veut-il que je fasse… moi ? dit l’autre en s’essuyant le front ; il fallait s’y attendre, il n’y a pas moyen d’échapper à cela…

— Moi, je ne reste pas ici, ça va commencer.

— Tu feras aussi bien, car avec ta figure bouleversée tu attires déjà l’attention ; va-t’en, et dis au patron qu’il faut attendre l’événement.

Cet incident passa presque inaperçu, au milieu du tumulte croissant du joyeux festin.

Cependant, parmi les convives, un seul ne riait pas, ne buvait pas ; c’était Couche-tout-Nu : l’œil sombre, fixe, il regardait dans le vide ; étranger à ce qui se passait autour de lui, le malheureux songeait à la reine Bacchanal, qui eût été si brillante, si gaie dans une pareille saturnale. Le souvenir de cette créature, qu’il aimait toujours d’un amour extravagant, était la seule pensée qui vînt de temps à autre le distraire de son abrutissement.

Chose bizarre ! Jacques n’avait consenti à faire partie de cette mascarade que parce que cette folle journée lui rappelait le dernier jour de fête passé avec Céphyse : ce réveille-matin, ensuite d’une nuit de bal masqué, joyeux repas au milieu duquel la reine Bacchanal, par un étrange pressentiment, avait porté ce toast lugubre à propos du fléau qui, disait-on, se rap-