Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/243

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par poltronnerie que je refuse de boire, hein ? Morok, réponds donc.

— Allons, mon brave, tous tant que nous sommes, nous avons fait aujourd’hui nos preuves, dit un des convives à Jacques, et vous surtout qui, étant un peu malade, avez eu le courage d’accepter le rôle du bonhomme Choléra.

— Messieurs, reprit Morok, voyant l’attention générale fixée sur lui et sur Couche-tout-Nu, je plaisantais, car si le camarade (il montra Jacques) avait eu l’imprudence d’accepter mon offre, il aurait été, non pas intrépide, mais fou… Heureusement il a la sagesse de renoncer à cette forfanterie si dangereuse à cette heure, et je…

— Garçon ! dit Couche-tout-Nu en interrompant Morok avec une impatience courroucée, deux bouteilles d’eau-de-vie… et deux verres.

— Que veux-tu faire ? dit Morok en feignant une surprise inquiète. Pourquoi ces deux bouteilles d’eau-de-vie ?

— Pour un duel…, dit Jacques d’un ton froid et résolu.

— Un duel ! s’écria-t-on avec surprise.

— Oui… reprit Jacques, un duel… au cognac ;… Tu prétends qu’il y a autant de danger à se mettre devant une bouteille d’eau-de-vie que devant la gueule d’un pistolet… Prenons