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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/277

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reur, fit çà et là quelques pas brusques, indécis ; puis renonçant à une fuite impossible, l’instinct lui disait qu’il n’avait à attendre ni merci ni pitié d’une foule en proie à une fureur aveugle et sourde, fureur d’autant plus impitoyable qu’elle se croit légitime, Goliath voulut du moins vendre chèrement sa vie ; il chercha son couteau dans sa poche ; ne l’y trouvant pas, il s’arc-bouta sur sa jambe gauche dans une pose athlétique, tendit en avant et à demi dépliés ses deux bras musculeux, durs et raides comme deux barres de fer, et de pied ferme il attendit vaillamment le choc.

La première personne qui arriva auprès de Goliath fut Ciboule.

La mégère essoufflée, au lieu de se précipiter sur lui, s’arrêta, se baissa, prit un des gros sabots qu’elle portait et le lança à la tête du géant avec tant de vigueur, tant d’adresse, qu’elle l’atteignit en plein dans l’œil, qui, sanglant, sortit à demi de l’orbite.

Goliath porta les deux mains à son visage en poussant un cri de douleur atroce.

— Je l’ai fait loucher, dit Ciboule en éclatant de rire.

Goliath, rendu furieux par la souffrance, au lieu d’attendre les premiers coups que l’on hésitait encore à lui porter, tant son apparence