Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/278

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de force herculéenne imposait aux assaillants (le carrier, adversaire digne de lui, ayant été repoussé par un mouvement de la foule), Goliath, dans sa rage, se précipita sur le groupe qui se trouvait à sa portée.

Une pareille lutte était trop inégale pour durer longtemps ; mais le désespoir doublant les forces du géant, le combat fut un moment terrible.

Le malheureux ne tomba pas tout d’abord… Pendant quelques secondes, disparaissant presque entièrement sous un essaim d’assaillants acharnés, on vit tantôt un de ses bras d’Hercule se lever dans le vide et retomber en martelant des crânes et des visages, tantôt sa tête énorme, livide et sanglante, était renversée en arrière par un combattant cramponné à sa chevelure crépue. Çà et là les brusques écarts, les violentes oscillations de la foule témoignaient de l’incroyable énergie de la défense de Goliath. Pourtant le carrier étant parvenu à le joindre, Goliath fut renversé.

Une longue clameur de joie féroce annonça cette chute, car, en pareille circonstance, tomber… c’est mourir.

Aussi mille voix haletantes et courroucées répétèrent ce cri :

— Mort à l’empoisonneur !