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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/279

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Alors commença une de ces scènes de massacre et de tortures dignes des cannibales, horribles excès, d’autant plus incroyables qu’ils ont toujours pour témoins passifs, ou même pour complices, des gens souvent honnêtes, humains, mais qui, égarés par des croyances ou par des préjugés stupides, se laissent entraîner à toutes sortes de barbaries, croyant accomplir un acte d’inexorable justice.

Ainsi que cela arrive, la vue du sang qui coulait à flots des plaies de Goliath enivra ses assaillants, redoubla leur rage.

Cent bras s’appesantirent sur ce misérable ; on le foula aux pieds ; on lui écrasa le visage ; on lui défonça la poitrine. Çà et là, au milieu de ces cris furieux : « À mort l’empoisonneur ! » on entendait de grands coups sourds suivis de gémissements étouffés : c’était une effroyable curée ; chacun, cédant à un vertige sanguinaire, voulait frapper son coup, arracher son lambeau de chair ; des femmes… oui, jusqu’à des femmes, jusqu’à des mères… s’acharnèrent avec rage sur ce corps mutilé.

Il y eut un moment de terreur épouvantable.

Goliath, le visage meurtri, souillé de boue, ses vêtements en lambeaux, la poitrine nue… rouge… ouverte… Goliath, profitant d’un in-