Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/352

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croyait l’émule de Sixte-Quint, en attendant qu’il fût devenu son égal.

Arriver par le succès de l’affaire Rennepont au généralat de son ordre, puis, dans le cas d’une abdication presque prévue, s’assurer, par une splendide corruption, la majorité du sacré collège, afin de monter sur le trône pontifical, et alors, au moyen d’un changement dans les statuts de la compagnie de Jésus, inféoder cette puissante société au saint-siège au lieu de la laisser, dans son indépendance, égaler et presque toujours dominer le pouvoir papal, tels étaient les secrets projets de Rodin.

Quant à leur possibilité… elle était consacrée par de nombreux antécédents, car plusieurs simples moines ou prêtres avaient été soudainement élevés à la dignité pontificale.

Quant à la moralité de la chose… l’avènement des Borgia, de Jules II, et de bien d’autres étranges vicaires du Christ auprès desquels Rodin était un vénérable saint, excusait, autorisait les prétentions du jésuite.

Quoique le but des menées souterraines de Rodin à Rome eût été jusqu’alors enveloppé du plus profond mystère, l’éveil avait été néanmoins donné sur ses intelligences secrètes avec un grand nombre de membres du sacré collège ; une fraction de ce collège, à la tête de laquelle