Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/354

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cidé à profiter de l’état de faiblesse où il savait Rodin, le prélat prit une chaise, et, malgré sa répugnance, s’établit au chevet du jésuite.

— Mon révérend et très-cher père… comment vous trouvez-vous ? lui dit-il d’une voix mielleuse que son accent italien semblait rendre plus hypocrite encore.

Rodin fit le sourd, respira bruyamment et ne répondit pas.

Le cardinal, quoiqu’il eût des gants, approcha, non sans dégoût, sa main de celle du jésuite, la secoua quelque peu, en répétant d’une voix plus élevée :

— Mon révérend et très-cher père, répondez-moi, je vous en conjure.

Rodin ne put réprimer un mouvement d’impatience courroucée, mais il continua de rester muet.

Le cardinal n’était pas homme à se rebuter de si peu ; il secoua de nouveau et un peu plus fort le bras du jésuite, en répétant avec une ténacité flegmatique qui eût mis hors de ses gonds l’homme le plus patient du monde :

— Mon révérend et très cher père, puisque vous ne dormez pas… écoutez-moi, je vous en prie…

Aigri par la douleur, exaspéré par l’opiniâtreté du prélat, Rodin retourna brusquement