Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/355

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la tête, attacha sur le Romain ses yeux caves, brillants d’un feu sombre, et, les lèvres contractées par un sourire sardonique, il dit avec amertume :

— Vous tenez donc bien, monseigneur, à me voir embaumé… comme vous disiez tout à l’heure, et exposé en chapelle ardente, pour venir ainsi tourmenter mon agonie et hâter ma fin ?

— Moi, mon cher père ?… grand Dieu !… que dites-vous là ?

Et le cardinal leva les mains au ciel, comme pour le prendre à témoin du tendre intérêt qu’il portait au jésuite.

— Je dis ce que j’ai entendu tout à l’heure, monseigneur, car cette cloison est mince, ajouta Rodin avec un redoublement d’amertume.

— Si, par là, vous voulez dire que de toutes les forces de mon âme, je vous ai désiré… je vous désire une fin toute chrétienne et exemplaire… oh ! vous ne vous trompez pas, mon très-cher père !… vous m’avez parfaitement entendu, car il me serait très-doux de vous voir, après une vie si bien remplie, un sujet d’adoration pour les fidèles.

— Et moi, je vous dis, monseigneur, s’écria Rodin d’une voix faible et saccadée, je vous dis qu’il y a de la férocité à émettre de pareils