Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/356

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vœux en présence d’un malade dans un état désespéré ; oui, reprit-il avec une animation croissante qui contrastait avec son accablement, qu’on y prenne garde, entendez-vous, car… si l’on m’obsède… si l’on me harcèle sans cesse… si l’on ne me laisse pas râler tranquillement mon agonie… on me forcera de mourir d’une façon peu chrétienne… je vous en avertis ;… et si l’on compte sur un spectacle édifiant pour en tirer profit, on a tort…

Cet accent de colère ayant douloureusement fatigué Rodin, il laissa retomber sa tête sur son oreiller, et essuya ses lèvres gercées et saignantes avec son mouchoir à tabac.

— Allons, allons, calmez-vous, mon très-cher père, reprit le cardinal d’un air paterne ; n’ayez pas ces idées funestes ; sans doute, la Providence a sur vous de grands desseins, puisqu’elle vous a délivré d’un grand péril… Espérons qu’elle vous sauvera encore de celui qui vous menace à cette heure.

Rodin répondit par un rauque murmure en se retournant vers la ruelle.

L’imperturbable prélat continua :

— À votre salut ne se sont pas bornées les vues de la Providence, mon très-cher père ; elle a encore manifesté sa puissance d’une autre façon… Ce que je vais vous dire est de la