Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/370

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tôt ; son visage redevint livide ; ses souffrances, un moment suspendues, redoublèrent tellement de violence, qu’il se tordit convulsivement sous ses couvertures, se mit le visage à plat sur son oreiller en étendant au-dessus de sa tête ses deux bras crispés, roides comme des barres de fer.

Après cette crise aussi intense que rapide, pendant laquelle le père d’Aigrigny et le prélat s’empressèrent autour de lui, Rodin, dont la figure était baignée d’une sueur froide, leur fit signe qu’il souffrait moins, et qu’il désirait boire d’une potion qu’il indiqua du geste sur sa table de nuit. Le père d’Aigrigny alla la chercher, et pendant que le cardinal, avec un dégoût très-évident, soutenait Rodin, le père d’Aigrigny administra au malade quelques cuillerées de potion dont l’effet immédiat fut assez calmant.

— Voulez-vous que j’appelle M. Rousselet ? dit le père d’Aigrigny à Rodin, lorsque celui-ci fut de nouveau étendu dans son lit.

Rodin secoua négativement la tête ; puis faisant un nouvel effort, il souleva sa main droite, l’ouvrit toute grande, y promena son index gauche, et fit signe au père d’Aigrigny, en lui montrant du regard un bureau placé dans un coin de la chambre, que, ne pouvant plus parler, il désirait écrire.