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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/40

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avouait très-gaiement sa défaite. Ainsi, pour ne donner qu’une idée des dissentiments du comte et d’Adrienne, il avait, avant de se faire, ainsi qu’il disait gaiement, son complice, il avait toujours combattu (pour d’autres motifs que ceux allégués par madame de Saint-Dizier) sa volonté de vivre seule et à sa guise, tandis qu’au contraire Rodin, en donnant aux résolutions de la jeune fille à ce sujet un but rempli de grandeur, avait acquis sur elle une sorte d’influence.

Âgé alors de soixante ans passés, le comte de Montbron avait été l’un des hommes les plus brillants du directoire, du consulat et de l’empire : ses prodigalités, ses bons mots, ses impertinences, ses duels, ses amours, ses pertes au jeu, avaient presque toujours défrayé les entretiens de la société de son temps. Quant à son caractère, à son cœur et à son commerce, nous dirons qu’il était resté dans les termes de la plus sincère amitié presque avec toutes ses anciennes maîtresses. À l’heure où nous le présentons au lecteur, il était encore fort gros joueur et fort beau joueur ; il avait, comme on disait autrefois, une très-grande mine, l’air décidé, fin et moqueur ; ses façons étaient celles du meilleur monde, avec une pointe d’impertinence agressive lorsqu’il n’aimait pas les gens ;