Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/473

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vous le dites, sous l’influence d’une sorte de vertige dans ce moment affreux. Aussi n’ai-je pas le courage de vous reprocher d’avoir un seul instant douté de moi. Comment vous blâmerais-je ? N’ai-je pas aussi eu la pensée d’en finir avec la vie ?

— Vous, mademoiselle ! s’écria la Mayeux.

— Oui… j’y songeais… lorsqu’on est venu me dire que Florine, agonisante, voulait me parler ;… je l’ai écoutée ; ses révélations ont tout à coup changé mes projets ; cette vie sombre, morne, qui m’était insupportable, s’est éclairée tout à coup ; la conscience du devoir s’est éveillée en moi ; vous étiez sans doute en proie à la plus horrible misère, mon devoir était de vous chercher, de vous sauver ; les aveux de Florine me dévoilaient de nouvelles trames des ennemis de ma famille isolée, dispersée par des chagrins navrants, par des pertes cruelles ; mon devoir était d’avertir les miens du danger qu’ils ignoraient peut-être, de les rallier contre l’ennemi commun. J’avais été victime d’odieuses manœuvres ; mon devoir était d’en poursuivre les auteurs, de peur qu’encouragés par l’impunité, ces robes noires ne fissent de nouvelles victimes… Alors, la pensée du devoir m’a donné des forces, j’ai pu sortir de mon anéantissement ; avec l’aide de l’abbé