Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/495

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Nous l’avons dit, Adrienne n’était donc qu’à moitié rassurée… bien qu’il lui fût confirmé par le dépit même de Rose-Pompon que jamais Djalma n’avait eu pour la grisette le moindre attachement sérieux.

La grisette avait terminé sa péroraison par ce mot d’une hostilité flagrante et significative :

— Enfin, madame, je vous déteste !

— Et pourquoi me détestez-vous, mademoiselle ? dit doucement Adrienne.

— Oh ! mon Dieu ! madame, reprit Rose-Pompon, oubliant tout à fait son rôle de conquérante, et cédant à la sincérité naturelle de son caractère, faites donc comme si vous ne saviez pas à propos de qui et de quoi je vous déteste !… Avec cela… que l’on va ramasser des bouquets jusque dans la gueule d’une panthère pour des personnes qui ne vous sont rien du tout !… Et si ce n’était que cela encore ! ajouta Rose-Pompon, qui s’animait peu à peu, et dont la jolie figure, jusqu’alors contractée par une petite moue hargneuse, prit une expression de chagrin réel, pourtant quelquefois comique ; et si ce n’était que l’histoire du bouquet ! reprit-elle. Quoique mon sang n’ait fait qu’un tour en voyant le Prince Charmant sauter comme un cabri sur le théâtre… je me serais