Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/496

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dit : « Bah ! ces Indiens, ça a des politesses à eux ; ici… une femme laisse tomber son bouquet, un monsieur bien appris le ramasse et le rend ; mais, dans l’Inde, c’est pas ça : l’homme ramasse le bouquet, ne le rend pas à la femme et lui tue une panthère sous les yeux. Voilà le bon genre du pays, à ce qu’il paraît… » Mais ce qui n’est bon genre nulle part, c’est de traiter une femme comme on m’a traitée… Et cela, j’en suis sûre, grâce à vous, madame.

Ces plaintes de Rose-Pompon, à la fois amères et plaisantes, se conciliaient peu avec ce qu’elle avait dit précédemment du fol amour de Djalma pour elle ; mais Adrienne se garda bien de lui faire remarquer ses contradictions, et lui dit doucement :

— Mademoiselle, vous vous trompez, je crois, en prétendant que je suis pour quelque chose dans vos chagrins ; mais, en tous cas, je regretterais sincèrement que vous ayez été maltraitée par qui que ce fût.

— Si vous croyez qu’on m’a battue… vous faites erreur, s’écria Rose-Pompon. Ah bien ! par exemple !… Non, ce n’est pas cela ;… mais enfin… je suis sûre que, sans vous, le Prince Charmant aurait fini par m’aimer un peu ;… j’en vaux bien la peine, après tout. Et puis, enfin… il y a aimer… et aimer ;… je ne