Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/77

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— M. Rodin, dit le comte en interrompant le jésuite, 1o un pauvre vieux bonhomme comme vous, qui fait le mal en se retranchant derrière la vieillesse qu’il déshonore, est à la fois lâche et méchant ; il mérite un double châtiment ; 2o quant à l’âge, je ne sache pas que les louvetiers et les gendarmes s’inclinent avec respect devant le pelage gris des vieux loups et les cheveux blancs des vieux coquins ; qu’en pensez-vous, cher monsieur ?

Rodin, toujours impassible, souleva sa flasque paupière, attacha une seconde à peine son petit œil de reptile sur le comte, et lui lança un regard rapide, froid et aigu comme un dard ;… puis la paupière livide retomba sur la morne prunelle de cet homme à face de cadavre.

— N’ayant pas l’inconvénient d’être un vieux loup, et encore moins un vieux coquin, reprit paisiblement Rodin, vous me permettez, M. le comte, de ne pas trop m’inquiéter des poursuites des louvetiers et des gendarmes ; quant aux reproches que l’on me fait, j’ai une manière bien simple de répondre, je ne dis pas de me justifier ;… je ne me justifie jamais.

— Vraiment ! dit le comte.

— Jamais, reprit froidement Rodin ; mes actes se chargent de cela : je répondrai donc