Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/339

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zier, suivant les avis de Rodin, dans une seconde entrevue habilement ménagée entre elle et les deux sœurs, à l’insu de Dagobert, avait tour à tour abusé, exalté, fanatisé ces pauvres âmes confiantes, naïves et généreuses, en poussant jusqu’à l’exagération la plus funeste tout ce qu’il y avait en elles de sentiments élevés et courageux ?

Les orphelines ayant demandé à la sœur Marthe si madame Augustine du Tremblay avait été amenée dans cet asile de secours depuis trois jours, la sœur leur avait répondu qu’elle l’ignorait,… mais qu’en parcourant les salles des femmes, il leur serait très-facile de s’assurer si la personne qu’elles cherchaient s’y trouvait. Car l’abominable dévote, qui, complice de Rodin, jetait ces deux enfants au milieu d’un péril mortel, avait menti effrontément en leur affirmant qu’elle venait d’apprendre que leur gouvernante avait été transportée dans cette ambulance.

Les filles du maréchal Simon avaient, et pendant l’exil et durant leur pénible voyage avec Dagobert, été exposées à de bien rudes épreuves ; mais jamais un spectacle aussi désolant que celui qui s’offrait tout à coup à leurs yeux n’avait frappé leurs regards…

Cette longue file de lits, où tant de créatures