Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/340

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étaient gisantes, où celles-ci se tordaient en poussant des gémissements de douleur, où celles-là faisaient entendre les sourds râlements de l’agonie, où d’autres enfin, dans le délire de la fièvre, éclataient en sanglots ou appelaient à grands cris les êtres dont la mort allait les séparer ; ce spectacle effrayant, même pour des hommes aguerris, devait presque inévitablement, selon l’exécrable prévision de Rodin et de ses complices, causer une impression fatale à ces deux jeunes filles qu’une exaltation de cœur aussi généreuse qu’irréfléchie poussait à cette dangereuse visite.

Puis, circonstance funeste, qui pour ainsi dire ne se révéla dans toute la poignante et profonde amertume de leur souvenir qu’au chevet des premières malades qu’elles virent, c’était aussi du choléra… de cette mort affreuse, qu’était morte la mère des orphelines…

Que l’on se figure donc les deux sœurs arrivant dans ces vastes salles d’un aspect si effrayant, déjà affreusement émues par la terreur que leur avait inspirée Morok, et commençant leur triste recherche parmi ces infortunées dont les souffrances, dont l’agonie, dont la mort, rappelaient à chaque instant aux orphelines la souffrance, l’agonie, la mort de leur mère.