Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/341

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Un moment pourtant, à l’aspect de cette salle funèbre, Rose et Blanche sentirent leur résolution faiblir ; un noir pressentiment leur fit regretter leur héroïque imprudence ; enfin depuis quelques minutes, elles commençaient à ressentir les sourds tressaillements d’un frisson fébrile, glacé ; puis, de douloureux élancements faisaient parfois battre leurs tempes ; mais attribuant ces symptômes, dont elles ignoraient le danger, aux suites de l’effroi que venait de leur causer Morok, tout ce qu’il y avait de bon, de valeureux en elles étouffa bientôt ces craintes ; elles échangèrent un tendre regard ; leur courage se ranima, et toutes deux, Rose d’un côté de la cloison, Blanche de l’autre, commencèrent séparément leur pénible recherche.

Gabriel, transporté dans la chambre des médecins de service, avait bientôt repris ses sens. Grâce à sa présence d’esprit et à son courage, sa blessure, cicatrisée à temps, ne pouvait plus avoir de suites dangereuses ; sa plaie pansée, il voulut retourner dans la salle des femmes ; car c’était là qu’il donnait de pieuses consolations à une mourante quand on était venu le prévenir des affreux dangers qui pouvaient résulter de l’évasion de Morok.

Peu d’instants avant que le missionnaire entrât dans cette salle, Rose et Blanche arrivaient