Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/40

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menaçant : il souffrait. Il n’attaquait pas le méchant corps à corps, il détournait la vue avec amertume et tristesse. Et puis surtout ce cœur aimant, d’une délicatesse toute féminine, avait un irrésistible besoin du bienfaisant contact des plus chères affections de l’âme ; seules, elles le vivifiaient. Ainsi, un frêle et pauvre oiseau meurt glacé de froid lorsqu’il ne peut plus se presser contre ses frères et recevoir d’eux comme ils la recevaient de lui cette douce chaleur qui les réchauffait tous dans le nid maternel.

Et voilà que cette organisation toute sensitive, d’une susceptibilité si extrême, est frappée coup sur coup par des déceptions, par des chagrins dont un seul suffirait, sinon à abattre tout à fait, du moins à profondément ébranler le caractère le plus fermement trempé.

Le plus fidèle ami de M. Hardy le trahit d’une manière infâme…

Une maîtresse adorée l’abandonne…

La maison qu’il avait fondée pour le bonheur de ses ouvriers, qu’il aimait en frère, n’est plus que ruines et cendres !

Alors qu’arrive-t-il ?

Tous les ressorts de cette âme se brisent.

Trop faible pour se raidir contre tant d’affreuses atteintes, trop cruellement désabusé