Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/478

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violette colorait déjà les ongles polis du jeune Indien…

La mort approchait… lente… sourde… encore presque insensible… mais sûre…

Djalma, écrasé par le désespoir, en songeant qu’Adrienne aussi allait mourir, sentit son courage l’abandonner ; il poussa un long gémissement, cacha sa figure dans ses mains ; ses genoux se dérobèrent sous lui, et il tomba assis sur le lit auprès duquel il se trouvait alors…

— Déjà !… s’écria la jeune fille avec horreur, en se précipitant à genoux aux pieds de Djalma, déjà la mort !… tu me caches ta figure…

Et, dans son effroi, elle abaissa vivement les mains de l’Indien pour le contempler ;… il avait le visage inondé de larmes.

— Non… pas encore… la mort, murmura-t-il à travers ses sanglots ; ce poison… est lent…

— Vrai ?… s’écria Adrienne avec une joie indicible.

Puis elle ajouta, en baisant les mains de Djalma avec une ineffable tendresse :

— Puisque ce poison est lent… pourquoi pleures-tu, alors ?

— Mais toi… mais toi !… disait l’Indien d’une voix déchirante.