Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/71

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déférence, excusez Agricol ; son attachement pour moi l’entraîne trop loin ; mais puisque le voici et qu’il a des choses particulières à me confier, permettez-moi, mon père, de m’entretenir quelques instants avec lui.

— Que je vous le permette, mon cher fils ! dit le père d’Aigrigny en feignant la surprise, et pourquoi me demander cette permission ? N’êtes-vous donc pas parfaitement libre de faire ce que bon vous semble ? N’est-ce pas vous qui tout à l’heure, et malgré moi, qui vous engageais à recevoir monsieur, vous êtes formellement refusé à cette entrevue ?

— Il est vrai, mon père.

Après ces mots, le père d’Aigrigny ne pouvait insister davantage sans maladresse ; il se leva donc et alla serrer la main de M. Hardy, en lui disant avec un geste expressif :

— À bientôt, mon cher fils… Mais souvenez-vous… de notre entretien de tout à l’heure et de ce que je vous ai prédit.

— À bientôt mon père… Soyez tranquille, répondit tristement M. Hardy.

Le révérend père sortit.

Agricol, étourdi, confondu, se demandait si c’était bien son ancien patron qu’il entendait appeler le père d’Aigrigny mon père, avec tant de déférence et d’humilité. Puis, à mesure que