à quelques pas de là, reconnut le café signalé, où il entra en se disant :
— Quel est ce M. Léon ? Quel est ce service toujours agréable aux fils de famille ? Je ne sais pourquoi ces mots piquent vivement ma curiosité. Voyons ce monsieur ; après tout, que risqué-je ?
LV
Maurice entra dans le café, se dirigea vers le comptoir, où il demanda M. Léon. Celui-ci, sans doute aux aguets, s’approcha presque aussitôt qu’il eut entendu prononcer son nom, et, s’adressant au jeune provincial d’un air souriant et empressé :
— C’est à monsieur Dumirail que j’ai l’honneur de parler ?
— Oui, monsieur ; vous êtes sans doute monsieur Léon ?
— Pour vous servir, monsieur.
Et, avisant l’un des garçons de café, M. Léon ajouta :
— Julien, y a-t-il quelqu’un au billard ?
— Non, monsieur.
— Montez-nous deux verres d’absinthe.
M. Léon, se tournant ensuite vers Maurice, lui dit :
— Nous serons seuls dans la salle de billard ; nous pourrons causer tranquillement… Pardon si je passe devant vous ; je vais vous montrer le chemin.
M. Léon précéda Maurice dans un escalier tournant, conduisant du café à la salle de billard, en ce moment solitaire. M. Léon était un homme de trente ans, vêtu avec goût, d’une apparence distinguée ; sa physionomie ouverte et avenante plut tout d’abord à Maurice, qui lui dit :
— Puis-je savoir, monsieur, quel est l’objet de la lettre que vous m’avez écrite ?
— En deux mots, monsieur, le voici : vous êtes fils unique, vos parents sont fort riches ; ils possèdent l’une de ces solides fortunes en biens-fonds ou en placements hypothécaires toujours à l’abri du hasard des événements ; ils ont toujours vécu, ils vivent