Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/256

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le gui sacré dans un voile de lin, c’est que ton âme était blanche comme ce voile !

— C’est que la petite Hêna était la plus savante, la plus sage, la plus douce de ses compagnes, — ajouta Albinik, le marin, en regardant sa sœur avec tendresse.

— C’est que la petite Hêna était la plus courageuse de ses compagnes ; car elle avait failli périr pour sauver Janed, fille de Wor, qui, ramassant des coquillages sur les rochers de l’anse Glen’-Hek, était tombée à la mer, et déjà entraînée par les vagues… — dit Mikaël, l’armurier, en regardant tendrement sa sœur.

— C’est que la petite Hêna était, plus que toute autre, douce, patiente, aimable aux enfants… et qu’à l’âge de douze ans à peine elle les instruisait déjà, au collège des druidesses de l’île de Sên, comme une petite matrone, — dit à son tour Guilhern, le laboureur.

La fille de Joel rougissait de modestie en entendant ces paroles de sa mère et de ses frères, lorsque Rabouzigued dit encore :

— Et quel est ce troisième sacrifice humain, qui doit apaiser Hésus et nous délivrer de la guerre ? qui donc, Hêna, sera sacrifié ce soir ?…

— Je te le dirai, Rabouzigued, — répondit la jeune fille en se levant ; — je te le dirai, lorsque j’aurai revu une fois encore la petite chambre où je dormais lorsque, devenue jeune fille, j’arrivais ici de l’île de Sên pour nos fêtes de famille.

Et allant vers la porte de cette chambre, elle s’arrêta un moment sur le seuil et dit :

— Que de douces nuits j’ai passées là, après m’être retirée le soir, à regret, du milieu de vous tous ! avec quelle impatience je me levais pour vous revoir le matin !

Et s’avançant de deux pas dans la petite chambre, pendant que sa famille s’étonnait de plus en plus, de ce que si jeune encore Hêna parlât tant du passé, elle reprit en regardant avec plaisir plusieurs objets placés sur une table :