Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 10.djvu/233

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religieuses qui employaient tour à tour la persuasion et la menace ; je désespérais de trouver le moyen de t’instruire de mon sort, je me suis donc résignée à prononcer mes vœux…

Ce matin, la cérémonie a eu lieu ; j’ai été baptisée en religion d’un triste nom, pauvre chère mère ! On m’appelle Sainte-Françoise-au-Tombeau… Je dois passer cette nuit en prières dans la chapelle de la Vierge…

Mes vœux prononcés, l’abbesse m’a fait donner ce qu’il me fallait pour écrire, me promettant que cette lettre serait remise demain à ma famille.

Maintenant, mère, écoute-moi… J’ai été coupable de prendre une si grave résolution sans ton consentement et celui de mon père… je…

J’interromps cette lettre… Neuf heures sonnent à l’horloge du couvent, je vais être conduite à la chapelle, où je dois veiller pendant toute la nuit.

Demain, bonne et tendre mère, j’achèverai cette lettre… je vais la garder sur moi, je crains qu’elle ne soit lue en la laissant dans ma cellule…

À demain, mère…


La suite de cette légende vous apprendra, fils de Joel, comment la lettre d’Hêna tomba entre les mains de Christian, ainsi que les fragments suivants du journal de frère Saint-Ernest-Martyr ; ils contiennent le récit des événements survenus tandis qu’il était renfermé dans le couvent des Augustins, voisin de celui des Augustines.