Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 10.djvu/37

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formateurs ; la pureté de sa vie, son éloquence, son courage, son audace, et surtout les monstruosités résultant de la vente des indulgences, donnèrent à cette nouvelle attaque contre l’autorité pontificale une puissance irrésistible. Luther, appuyé de l’autorité des livres saints, reconnaissait le mystère de la Trinité, la divinité du Christ rédempteur ; mais il déclarait et affirmait ceci : « — Il n’est pas besoin de l’Église catholique comme intermédiaire entre l’homme et Dieu. — Le Christ nous a rachetés en versant son sang sur la croix. — L’aimer, c’est prier. — Croire, c’est sauver son âme. — Les promesses des prêtres à l’endroit de notre salut, en retour de dons pécuniaires sous couleur d’œuvres pies, sont d’insignes fourberies. — Le purgatoire, une fable. — La messe, l’adoration des images et des saints, la confession, autant d’idolâtries. — Le clergé n’a pas le monopole de l’administration des sacrements. — Tout chrétien de bonnes vie et mœurs est pasteur. — Les sacrements sont réduits à trois : le Baptême, la Pénitence et la Communion. — Les vœux monastiques, le célibat des prêtres, autant d’insultes à la raison, à la nature et à la volonté divine. — Le pape est l’Antéchrist ; — Rome, une Babylone moderne où vient affluer l’argent de la chrétienté, subtilisé par les jongleries des moines et les piperies ecclésiastiques. — Les biens immenses du clergé doivent être employés : — à l’entretien d’écoles gratuites établies dans les anciens couvents ; — à secourir les vieillards, les infirmes et les malades ; — à l’éducation des orphelins ; — à venir en aide aux étrangers nécessiteux ; — à rémunérer modestement les ministres du culte réformé. »

La voix tonnante de Luther eut, en Allemagne, un immense écho ; ses partisans devinrent innombrables. Le pape lui ordonna de se rendre à Rome afin d’y être jugé ; c’était inviter le réformateur à monter volontairement sur le bûcher, ce dont il se garda, continuant de prêcher la réforme, soutenu par la majorité des princes de l’Empire, non moins las du joug pontifical que les peuples. La France