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et notaire apostolique de Noyon, il se nomme Jean Calvin. À peine âgé de douze ans, il jouissait déjà d’une cure et d’une prébende dépendant de la cathédrale, obtenue grâce à l’influence que donnait à son père sa position de notaire apostolique ; Jean Calvin, curé-prébendier à douze ans, offrait l’un des mille exemples des ridicules et scandaleuses conséquences de la distribution des bénéfices ecclésiastiques. Loin de profiter de cet avantage, contre lequel se révoltaient sa conscience, son sens droit, son inflexible raison, Jean Calvin, refusant les avantages pécuniaires de la cure et de la prébende dont son enfance avait été gratifiée, embrassa vaillamment, ardemment, le luthérianisme. En 1532, il publia un beau livre, commentaire du traité de Sénèque sur la Clémence ; il adressa cette œuvre, d’une mâle éloquence, à François Ier, comme une sévère protestation contre les persécutions religieuses. L’immense érudition de Calvin, son impitoyable logique, portèrent de rudes coups à l’Église catholique. La Sorbonne et le parlement décrétèrent contre lui ; il fut obligé de fuir pour échapper à une condamnation. Les uns prétendent qu’il à quitté la France ; d’autres, qu’il voyage secrètement de ville en ville au péril de ses jours, et que son zèle, son activité, l’ardeur de sa foi, gagnent de nombreux adhérents à la réforme.

Tel est, fils de Joel, en cette année 1531, vers le milieu de laquelle commence la légende suivante : « la Bible de poche, » tel est l’état des choses en Gaule sous le roi François Ier.


Allan Lebrenn, petit-fils de Mahiet-l’Avocat d’armes, témoin du martyre de Jeanne Darc, quitta Vaucouleurs en 1461. Après la mort de son père, il trouva difficilement à gagner sa vie dans l’exercice de son métier de copiste et de peintre en manuscrits, les progrès rapides de l’imprimerie rendant inutiles les livres écrits, toujours si coûteux. Jean Saurin, maître imprimeur de Paris, s’étant, lors de son passage à Vaucouleurs, vivement intéressé à Allan Lebrenn, et