Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Valdeuil et autres lieux en Beauvoisis ; seigneur de Plouernel et Mezléan, en Bretagne, etc., etc., exposa : « — que le nommé Gildas Lebrenn, vassal et métayer du fief de Mezléan, ayant par mal vouloir ou autre cause, différé au-delà de l’unique et dernier délai d’acquitter les taxes, surtaxes et redevances, dont il avait plu à très-haut et très-puissant et très-redouté seigneur, etc., etc., de frapper ses vassaux de Mezléan, les meubles, récoltes, animaux domestiques et de labour, ustensiles de ménage, etc., etc., dudit Gildas Lebrenn, seraient saisis et vendus en vertu de la contrainte militaire. Quoi ne suffisant point à acquitter lesdites redevances dudit Gildas, il serait fait action contre une maison à lui appartenant en propre du fait de sa femme, et ladite maison, faute d’acquéreur en bloc, serait démolie, et ses portes, fenêtres, poutres, chevrons et autres produits de la démolition, vendus au plus offrant[1], à la diligence dudit bailli, lequel s’étant présenté à la métairie, dite de Karnak, afin d’exécuter la sentence ci-dessus et d’opérer la saisie, avait trouvé la maison close et l’écurie vide, laquelle devait notamment renfermer deux paires de bœufs blancs et orangés, lesquels pouvant, par malignité dudit Gildas Lebrenn, ne point être réintégrés le soir à la métairie et être subrepticement vendus durant la journée, ledit huissier venait les appréhender au corps, hic et nunc, sans préjudice des autres saisies qu’il se réservait d’opérer à la susdite métairie, jusques et y compris les matériaux de la démolition de la susdite maison. Le bailli, aussi chargé des pouvoirs de très-respectable, discrète, pieuse et vénérable per-

  1. De pareils faits sembleraient incroyables à force de sauvage barbarie, si des témoignages authentiques ne confirmaient ces horribles faits, presque journaliers, sous le règne du grand roi
    …...« La contrainte militaire arrivait dans le village au son de la cloche et du tambour ; navrant spectacle que celui des maisons démolies, des pierres, des poutres, des planches, des fers publiquement vendus, faute par le propriétaire de payer la taille, etc., etc. » — La Dîme royale, par Vauban, 1er vol., Ch. X.
    …...Voir aussi Nouveau Code des Tailles, ou Recueil des Ordonnances, article Contrainte. Paris, 1761 ; — Recherches sur les Finances, par Forbonnais, etc., etc.