— Ma fille… ma fille, vous ne me dites pas la vérité… Ne croyez pas m’abuser !
— Eh bien ! oui, ma mère… je vous trompais ! — s’écrie Charlotte, faisant un violent effort sur elle-même. — Le mensonge… la dissimulation, me sont impossibles… Comment, d’ailleurs, vous cacherais-je les craintes que m’inspire le sort de M. Jean Lebrenn ? Sachez donc, ma mère… que je l’aime ! !
— Plus de doute ! — murmure madame Desmarais accablée. — Elle l’avoue ! !
— Oui… je l’aime autant qu’il m’aime… Je lui ai engagé ma foi… j’ai reçu ses serments… je lui ai juré de n’avoir jamais d’autre époux que lui ! !
— Ah ! malheur à nous ! Les prévisions de mon frère se sont réalisées ! Combien il avait raison de reprocher à mon mari la bassesse, le danger de ses relations avec cet artisan ! — s’écrie madame Desmarais douloureusement indignée ; puis s’adressant à Charlotte : — Fille indigne ! oublier ainsi vos devoirs pour un misérable va-nu-pieds ! ! !
— Ma mère ! — répond Charlotte, relevant fièrement le front, — ma honte… mes remords avaient pour cause mon manque de confiance envers vous… mais de l’amour que je ressens pour M. Lebrenn… ni lui ni moi nous n’avons à rougir… Cet amour est noble et pur comme l’homme qui me l’a inspiré… Entendez-vous, ma mère !
Gertrude, la servante, entrant de nouveau précipitamment, s’écrie du seuil de la porte :
— Madame… bonne nouvelle ! ! Voilà monsieur… il vient d’entrer dans la cour.
— Mon mari à Paris !… Quels événements ont donc eu lieu à Versailles… Peut-être l’Assemblée est dissoute… peut-être est-il fugitif, proscrit… Ah ! maudite soit cette élection ! !
Et s’élançant vers la porte, afin d’aller au devant de l’avocat,