Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/327

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ses conséquences civiles, politiques, sociales et religieuses anéantissaient la vieille France monarchique, cette exécrable France des abus, des privilèges, des exactions, des inégalités sociales, et finalement la république était virtuellement affirmée par l’article 3 de la Déclaration :

« La souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. »

Or, ainsi que le disaient les communiers du douzième siècle, Étienne Marcel au quatorzième siècle, et les républicains protestants au seizième : La nation qui fait les rois peut à son gré les défaire et s’en passer.

Enfin, fils de Joël, n’oubliez jamais ces belles paroles :

« — … Au point de vue de la raison, de l’équité, de la morale éternelle, la nation n’a pas le droit d’aliéner, en tout ou en partie, sa souveraineté en en déléguant l’exercice à une famille héréditaire ; en engageant ainsi les générations à venir, sous le vain prétexte de stabilité, de salut public… Ne regarderait-on pas comme insensé le père de famille qui, civilement, prétendrait irrévocablement lier ses descendants par un engagement qu’il contracterait en leur nom ?

» … — Ah ! certes une nation, en un moment d’aberration, de défaillance ou de terreur, a le pouvoir de commettre cette monstruosité : aliéner non-seulement sa souveraineté, mais encore celle des générations suivantes. — L’on a vu le peuple romain se livrer à César ; mais le fait ne constitue pas le droit ; les générations suivantes ne sont, en quoi que ce soit, engagées par cet acte exorbitant ! Le peuple même qui l’a commis dans un moment d’aberration, ou sous la pression de la terreur, peut et doit, lorsque le bon sens ou le courage lui reviennent, déchirer ce contrat, de même qu’un homme ivre ou contraint par la force, peut et doit déclarer nul et non avenu tout engagement à lui surpris dans son ivresse ou par la violence. »