Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/76

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constituante, témoin ce préambule de l’édit royal du 15 janvier 1357, imposé par Étienne Marcel au duc de Normandie, régent pour le roi Jean, prisonnier des Anglais :

« Les États généraux se réuniront à l’avenir toutes les fois qu’il paraîtra convenable, et cesans avoir besoin du consentement du roi pour délibérer sur le gouvernement du royaume, sans que l’avis de la noblesse et du clergé puisse lier ou obliger en rien les députés des communes.

» Les membres des États généraux seront sous la sauvegarde du roi ou du duc de Normandie, protégés par leurs héritiers, et, en outre, les membres des États pourront aller par tout le royaume avec une escorte chargée de les faire respecter.

» Les deniers provenant des subsides accordés par les États généraux seront levés et distribués, non par les officiers royaux, mais par les députés élus par les États généraux, et ils jureront de résister à tout ordre du roi et de ses ministres, si le roi ou ses ministres voulaient employer l’argent à d’autres dépenses que celles ordonnées par lesdits États.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Désormais, le roi, le dauphin, les princes, la noblesse, les prélats, quel que soit leur rang, seront soumis à l’impôt ainsi que tous les citoyens. »

Les aspirations républicaines d’Étienne Marcel devançaient son temps de plus de trois siècles, et ce grand citoyen paya de sa vie la hardiesse de ses vues ; mais les germes dont il semait le champ de l’avenir furent fécondés, développés par les âges suivants ; dites, fils de Joël, n’est-ce pas un formidable écho de la révolution de 1357 que ces déclarations des États généraux du 5 janvier 1484 (à nous transmises par notre aïeul Christian l’Imprimeur).

« La royauté est un office, — non un héritage. — Le peuple, souverain dans l’origine, créa les rois. — La souveraineté appartient au peuple, — et non aux princes, qui n’existent que par sa volonté. »