Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/277

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nous devons trouver, nous trouverons une solution honorable à cette alternative, désespérée en apparence, non en réalité.

Ces mots, prononcés avec le ferme accent d’une conscience droite et sereine, touchent Jean Lebrenn jusqu’aux larmes, et il s’écrie : — Oh ! femme aimée ! bonheur de ma vie ! mon guide, mon soutien… tes paroles me calment, me réconfortent, me font rougir d’avoir pu douter un moment de la justice divine des choses… Oui, oui, toute situation honorable, si désespérée qu’elle semble, porte en soi sa solution honorable… Sœur chérie ! relève ce front abattu, toi qui as le droit de le porter haut et fier… Espérons, espérons… ayons foi dans l’union des nobles cœurs !

Soudain, Victoria, jusqu’alors pensive, abattue, se redresse, transfigurée, rayonnante, et, embrassant avec une ineffable effusion la femme de son frère, elle s’écrie : — Vous avez dit vrai, Charlotte… nous, gens de bien, nous devons sortir à notre honneur de cette situation en apparence inextricable… Puis, embrassant à son tour Jean Lebrenn avec un redoublement d’effusion, Victoria reprend : — Ah ! frère ! de quel poids affreux mon cœur est allégé !

— Béni soit Dieu ! car jamais je n’ai ressenti de joie si douce après de si noires appréhensions ! — répond Jean Lebrenn en serrant sa sœur contre sa poitrine. Puis, essuyant ses yeux remplis de larmes : — Et maintenant tu vas nous apprendre…

— Non… demain, toi et Charlotte, vous saurez tout… Ma tête, après tant de secousses, est tellement troublée, que je pourrais à peine en ce moment exprimer mes idées… mais demain, oh ! demain, sera brisé ce cercle de fer où nous enfermait la fatalité !

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Le lendemain matin, au moment où Jean Lebrenn se rendait à son atelier, il rencontre dans la cour de la maison la servante Gertrude : elle tire de sa poche une lettre.