— Mademoiselle Victoria m’a chargée de cette lettre pour vous, monsieur Jean.
— Ma sœur est donc sortie de très-bonne heure ?
— Oui, monsieur ; elle est sortie au petit point du jour avec Olivier.
— Que dites-vous ?
— Je dis que mademoiselle est sortie au petit point du jour avec Olivier ; elle avait sans doute passé une partie de la nuit à faire sa malle, car…
— Qu’entends-je ! ma sœur nous a quittés ? — balbutie Jean Lebrenn stupéfait. Puis, s’empressant de rompre le cachet de la lettre que vient de lui remettre Gertrude, il lit ces seuls mots :
« Adieu, frère ! embrasse tendrement pour moi ta chère et noble femme.
» J’emmène Olivier… je ne peux à présent t’instruire de mes projets ; mais soyez-en assurés, la solution est honorable pour tous. Je suis et serai toujours digne de votre estime, de votre affection. Ne cherchez pas en ce moment à savoir ce que je suis devenue… N’aie aucune inquiétude sur mon sort… Tu recevras chaque semaine une lettre de moi, jusqu’au jour très-prochain peut-être, mais peut-être aussi très-lointain, où je reviendrai près de vous, cher frère, chère sœur, pour ne plus vous quitter.
» En attendant ce jour tant désiré par moi, continuez de m’aimer tous deux… car jamais je n’ai mérité davantage d’être aimée de vous. Je vous le dis, et… vous me croirez.
Quelques nouveaux extraits du journal tenu par moi, Jean Lebrenn, serviront à faire connaître les événements importants accomplis depuis le 31 mai jusqu’au mois de novembre 1793, époque à laquelle se lie la fin de notre légende, le Sabre d’honneur.