Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/328

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appétit, entrant en vacances et tombant dans des vergers qu’ils mettent au pillage ! Ce n’est pas à dire que nous pillons, tant s’en faut… Nous avons partout largement payé de notre bourse… Je t’ai peint le côté dur du métier de volontaire ; mais ce qui est doux, c’est d’avoir un commandant qui semble taillé exprès pour nous, c’est de marcher sous ses ordres à la défense de la patrie, etc. »

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Bientôt ces volontaires, naguère encore étrangers aux privations de la vie de soldat et au métier des armes, s’y façonnaient avec une incroyable facilité ! Ils déployaient au feu et surtout dans leurs charges à la baïonnette, cette furie française si funeste à nos ennemis. Quelques passages de la lettre suivante, écrite par le citoyen Geslin à Choudieu, représentant du peuple, sont relatifs à un brillant fait d’armes, accompli cette année (1793) par une compagnie de volontaires :

« Nous n’avions pas de sapeurs pour nous pratiquer une trouée dans des haies d’épines extrêmement hautes et épaisses : nous n’en parvînmes pas moins à franchir la première sous une grêle de balles. Il restait encore une haie plus fourrée que la première et de derrière laquelle l’ennemi nous fusillait à bout portant… décidément nous nous trouvions très-mal… là… Nos pelotons, ébranlés par notre dernier mouvement en avant, hésitaient à marcher, mais ce ne fut qu’un éclair. On se remet bien vite au cri de Vive la république ! … on entonne la Marseillaise, et de droite et de gauche, forçant l’obstacle, nous traversons la haie et nous tombons à la baïonnette sur les batteries ennemis, et elles restent en notre pouvoir, etc. »

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Autre trait caractéristique et tout à l’avantage de la composition même des bataillons de volontaires : ainsi, selon les hommes de guerre consommés, l’un des plus grands inconvénients des troupes formées de recrues est, sans parler de leur inexpérience au feu,