— Les esclaves… on les conduit au travail des champs… Tu es perdu…
La jeune femme achevait à peine ces mots, que les deux époux furent découverts au milieu de ces touffes de rosiers et de citronniers, qui ne pouvaient les cacher, par trois hommes armée tenant à la main de longs fouets ; à quelques pas derrière eux venait une troupe d’esclaves enchaînés deux à deux, vêtus de haillons, la tête rasée ; les uns portaient des instruments aratoires, d’autres étaient attelés à des chariots.
À la vue de Sylvest et de sa femme, les trois gardiens accoururent, la troupe d’esclaves s’arrêta, et les deux époux furent entourés par les hommes armés.
— Que fais-tu là ? — dit l’un d’eux en levant son fouet sur Loyse, tandis que les deux autres se jetaient sur Sylvest qui, désarmé, ne pouvait et ne voulait d’ailleurs opposer de résistance.
— Je suis esclave de la fabrique, — répondit Loyse, tandis que Sylvest tremblait pour sa femme.
— Tu mens, — dit le gardien à Loyse en la regardant avec dégoût, tant son pauvre visage était repoussant ; — je vais souvent à la fabrique, et, s’il y avait parmi les esclaves qui travaillent un monstre tel que toi, je l’aurais remarqué.
— Lis mon nom sur mon collier, — répondit la femme de Sylvest en montrant du geste au gardien le carcan qu’elle portait au cou ; et il lut tout haut en langue romaine :
Loyse est l’esclave de Faustine, patricienne.
— Toi… Loyse ! — s’écria le gardien ; — toi, dont avant-hier encore j’avais remarqué la beauté en traversant la fabrique ! Réponds, pendarde, qui t’a défigurée de la sorte ? Est ce sortilège ou maléfice ? Aurais-tu imité ces gibiers de potence qui se mutilent pour faire pièce à leur maître en se détériorant ? Achèveras-tu cette belle œuvre, en allant, comme d’autres garnements plus malicieux encore, te précipiter au milieu des combats d’animaux féroces (I) pour t’y faire dé-