— Tu oses…
— Dire la vérité, seigneur.
— Par Hercule ! c’est aussi trop se jouer de moi !… Écoute ceci : Tu connais, n’est-ce pas, certain banc garni de chevalets, de poulies et de poids ?
— Oui, seigneur, je le connais parfaitement ; j’en ai tâté… On vous étend d’abord sur le banc, les mains liées au-dessus de la tête ; ensuite on vous attache aux pieds un poids fort lourd ; puis, au moyen d’un très-ingénieux tourniquet, on tend violemment la corde qui vous lie les mains : il en résulte nécessairement que, le poids qui pend à vos pieds pesant de son côté, vous avez tous les membres disloqués (I) ; de sorte qu’à la longue on finit par y gagner quelques lignes de taille…
— Tu serais devenu géant, effronté drôle ! si tu avais seulement gagné une ligne chaque fois que tu as été attaché sur ce banc pour tes scélératesses… Mais je t’y fais étendre à l’instant si à l’instant tu ne me prouves quel rapport il y a entre ta fuite de cette nuit et la belle Gauloise… Comprends-tu ?
— Seigneur, rien n’est plus clair.
— Prends garde à toi…
— N’avez vous pas ajouté, seigneur, en parlant de la belle Gauloise : « Ah ! mon cher Sylvest ! si tu pouvais imaginer un moyen pour me rapprocher de cet astre de beauté !… »
— Mais, misérable !… qu’a de commun avec cela l’esclave de Faustine ?…
— Un peu de patience, seigneur… Or, moi, n’ayant plus qu’une pensée, celle de servir un maître… qui pourtant me récompense si mal de mon zèle…
— Encore !…
— Un heureux hasard me rappelle qu’une esclave de mon pays, filandière dans les fabriques de l’intendant de la noble Faustine, m’avait parlé, il y a peu de jours, ou plutôt peu de nuits ; car, seigneur,