noncé des paroles incendiaires, capables de faire égorger les maîtres par leurs esclaves.
— Quel scélérat !
— Mais que veut-il ?
— Seigneur, voici ces paroles, — reprit Caïphe, — écoutez-les bien : « Le disciple n’est pas plus que le maître, ni l’esclave plus que son seigneur ; c’est assez au disciple d’être comme son maître, et à l’esclave comme son seigneur[1]. »
Un nouveau murmure d’indignation courroucée se fit entendre.
— Voyez vous la belle concession que ce Nazaréen daigne nous faire ? — s’écria le banquier Jonas. — Vraiment ! C’est assez à l’esclave d’être comme son seigneur ! Vous nous accorder cela, Jésus de Nazareth ! Vous permettez que l’esclave ne soit pas plus que son seigneur… Grand merci !
— Et voyez, — ajouta le docteur de la loi, — voyez les conséquences de ces épouvantables doctrines, si elles étaient jamais répandues ; et nous pouvons parler ainsi entre nous, à cette heure où nos serviteurs viennent de quitter la salle du festin… car enfin, du jour où l’esclave se croira l’égal de son maître, il se dira : — Si je suis l’égal de mon maître, il n’a donc pas le droit de me tenir en servitude ?… et j’ai le droit moi de me rebeller… — Or, vous savez, mes seigneurs, ce que serait une pareille révolte ?
— Ce serait la fin de la société !
— La fin du monde !
— Le chaos ! — s’écria le seigneur Buruch, — car le chaos doit succéder au déchaînement des plus détestables passions populaires, et le Nazaréen ne les flatte que pour les déchaîner ; il promet monts et merveilles à ces misérables pour s’en faire des prosélytes ; il flatte leur envie haineuse en leur disant qu’au jour de la justice : — les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers[2].