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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/284

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LES MYSTÈRES DU PEUPLE.

Les paroles du disciple calmèrent l’impatience de la foule, et Banaïas, l’homme au grand coutelas, dit à Pierre :

— En attendant le maître, parle-nous de lui, dis-nous la bonne nouvelle. Approche-t-il, le temps où ces gloutons, dont le ventre s’arrondit à mesure que le nôtre se creuse, n’auront plus pour s’engraisser que le soufre et le bitume de l’enfer ?

— Oui, les temps approchent ! — s’écria Pierre en montant sur un banc. — Oui, les temps viennent, comme vient la nuit d’orage chargée de tempête et de foudre ! Le Seigneur n’a-t-il pas dit par la voix des prophètes : « Je vais envoyer mon ange, qui préparera le chemin devant moi[1] ? »

— Oui ! oui ! — crièrent plusieurs voix ; — oui, les prophètes l’ont annoncé !

— Quel est cet ange ? — reprit Pierre ; — quel est cet ange, sinon Jésus, notre maître, le messie… le seul vrai messie ?…

— Oui, c’est lui !

— C’est l’ange promis !

— C’est le vrai messie !

— Et cet ange ayant préparé le chemin, que dit le Seigneur par la voix des prophètes ? —continua Pierre : — « Alors je m’approcherai de vous pour exercer mon jugement ; je me hâterai de rendre mon témoignage contre les empoisonneurs, contre les parjures, contre ceux qui retiennent par violence le salaire de l’ouvrier, contre ceux qui oppriment les veuves, les orphelins et les étrangers, sans être retenus par ma crainte[2]. » Le Seigneur n’a-t-il pas dit encore : « Il y a une race dont les dents sont des épées, et qui s’en sert comme de couteaux pour dévorer ceux qui n’ont rien sur la terre et sont pauvres parmi les hommes[3] ! »

— Si cette race a des couteaux pour dents, — dit Banaïas en met-

  1. Malachie, ch. III, v. 1.
  2. Malachie, ch. III, v. 5.
  3. Malachie, ch. XXX, v. 14.