Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/315

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qui se débandent comme un troupeau de pourceaux poursuivis par un loup !

— Et pourceaux ils sont ! — reprit un autre. — Quant au loup qui les poursuit, c’est leur conscience.

Et ainsi que le disait Banaïas, à ces paroles de Jésus : Que celui d’entre vous qui est sans péché jette la première pierre à cette femme, les docteurs de la loi et les princes des prêtres, sans doute accusés par leur conscience, ainsi que ceux qui voulaient d’abord lapider la femme adultère, tous enfin, craignant peut-être aussi la foule dont était suivi le jeune maître de Nazareth, se sauvèrent si prestement, si rapidement, que, lorsque le fils de Marie se releva, car il avait continué d’écrire sur le sable, cette foule, naguère si menaçante, fuyait au loin vers le village ; Jésus ne vit plus alors que l’accusée, toujours agenouillée, toujours suppliante et pleurant à ses pieds.

Souriant avec finesse et bonté en lui montrant le vide fait autour d’elle par la dispersion de ceux qui naguère voulaient la lapider, Jésus lui dit :

« — Femme, où sont donc vos accusateurs ? Personne ne vous a-t-il condamnée ?

» — Non, seigneur, répondit-elle fondant en larmes.

» — Je ne vous condamnerai pas non plus, lui dit Jésus. Allez… et ne péchez plus à l’avenir[1]. »

Et laissant la femme adultère à genoux et encore dans le saisissement d’avoir été ainsi sauvée de la mort et pardonnée, le fils de Marie arriva bientôt, suivi de ses disciples et de la foule, au pied d’une colline où se trouvaient déjà rassemblés un grand nombre de gens de la campagne attendant sa venue avec impatience ; ceux-ci, ayant leurs provisions sur des ânes ou sur des zèbres ; ceux-là, sur des chariots traînés par des bœufs ; d’autres, dans des paniers tressés qu’ils portaient sur leurs têtes. Les pasteurs, qui, lors du passage du Nazaréen, abreuvaient leurs troupeaux à la fontaine, arrivèrent à leur tour ; et,

  1. Évangile selon saint Jean, ch. 3-10.