Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/331

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— Par un de ses disciples.

— Oh ! l’infâme !

— Le seigneur Chusa, triomphant déjà de la mort de ce pauvre Nazaréen, a tout révélé ce soir à Jeane, pour jouir méchamment de l’affliction que lui causerait cette triste nouvelle ; voici donc ce qui s’est passé : Les pharisiens, docteurs de la loi, sénateurs et princes des prêtres, tous exaspérés par les prédications de ce jeune homme, et surtout par les dernières (celles que nous avons entendues), se sont réunis chez le grand prêtre Caïphe et ont cherché les moyens de surprendre le Nazaréen ; mais, craignant un soulèvement populaire si on l’arrêtait hier, jour de fête, dans Jérusalem, ils ont remis à cette nuit l’exécution de leurs mauvais desseins[1].

— Quoi ! cette nuit ? cette nuit… même ?

— Oui, un traître, un de ses disciples, nommé Judas, doit le livrer.

— L’un de ceux qui, l’autre nuit, l’accompagnaient à la taverne de l’Onagre ?

— Celui-là même dont tu avais remarqué la figure sombre et sournoise… Judas est donc allé trouver les princes des prêtres et les docteurs de la loi, et leur a dit :  : « Donnez-moi de l’argent, et je vous livrerai le Nazaréen[2]. »

— Le misérable !

— Il est convenu de trente pièces d’argent avec les pharisiens, et, à l’heure qu’il est, peut-être, ce pauvre jeune homme, qui ne se défie de rien, est victime de cette trahison.

  1. Deux jours avant la Pâque, les princes des prêtres, les docteurs de la loi et les sénateurs s’assemblèrent dans la salle du grand prêtre, nommé Caïphe, et ils délibérèrent de se saisir adroitement de Jésus et de le faire mourir ; or, ils disaient : Que ce ne soit point pendant la fête, de peur qu’il ne se fasse quelque émotion populaire.. (Évangile selon saint Matthieu, chap. XXVI, v. 3-4, 5.)
  2. Alors, l’un des douze disciples de Jésus, nommé Judas l’Iscariote, alla trouver mes princes des prêtres et leur dit : Combien voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? Et ils convinrent de lui donner trente pièces d’argent ; depuis ce temps-là il cherchait l’occasion de le livrer. (Évangile selon saint Matthieu, ch. XVI, v. 14-15-16.)