pas vanter sa marchandise outre mesure, il ne doit pas non plus la trop déprécier… J’annoncerai donc ton caractère ainsi que suit. Et il écrivit :
« Caractère violent, ombrageux, par suite de son inhabitude de l’esclavage, car il est tout neuf encore ; mais on l’assouplira en employant tour à tour la douceur et le châtiment. »
— Relis un peu…
— Quoi ?
— Sous quelle enseigne je serai vendu.
— Tu as raison, mon fils ; il faut s’assurer si cette enseigne sonne bien à l’oreille, et se figurer le crieur d’enchères… voyons :
« No 7. Taureau, race gauloise bretonne, de première vigueur et de la plus grande taille, âge de vingt-neuf ans, excellent laboureur, caractère violent, ombrageux, par suite de son inhabitude de l’esclavage, car il est tout neuf encore ; mais on l’assouplira en employant tour à tour la douceur et le châtiment. »
— Voilà donc ce qui reste d’un homme fier et libre dont le seul crime est d’avoir défendu son pays contre César ! — me suis-je dit tout haut avec une grande amertume. — Et ce César, qui, après nous avoir réduits en esclavage, va partager à ses soldats les champs de nos pères, je ne l’ai pas tué lorsque je l’emportais tout armé sur mon cheval !…
— Toi, brave Taureau… tu aurais fait prisonnier le grand César ? — m’a répondu en raillant le maquignon. — Il est fâcheux que je ne puisse faire proclamer ceci à la criée ; cela ferait de toi un esclave curieux à posséder.
Je me suis reproché d’avoir prononcé devant ce trafiquant de chair humaine des paroles qui ressemblaient à un regret et à une plainte ; revenant à ma première pensée, qui me faisait endurer patiemment le verbiage de cet homme, je lui dis :
— Puisque tu m’as ramassé sur le champ de bataille à la place où je suis tombé, as-tu vu près de là un chariot de guerre attelé de