Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/82

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La sainteté du mariage t’est-elle interdite ? Le Romain, te regardant comme un animal qui s’accouple, peut-il, à son gré, séparer le mari de la femme, les enfants de la mère, pour les vendre et les envoyer au loin ?

— Oui…

— Tes enfants sont-ils, par corruption ou par violence, prostitués aux plaisirs de tes maîtres ?

— Oui…

— Tes Dieux sont-ils proscrits ? leurs ministres poursuivis, traqués comme des bêtes fauves et crucifiés comme des larrons ?

— Oui…

— Le Romain peut-il à son gré te battre, te marquer au front, te mutiler, te torturer, toi et les tiens ? Peut-il vous faire périr au milieu d’affreux supplices, par cela seul que cela plaît à sa méchanceté ?

— Oui…

— Ce joug abhorré… veux-tu le briser ?

— Je le veux.

— Veux-tu que la Gaule, redevenue libre et fière, puisse en paix honorer ses héros, adorer ses Dieux, assurer le bonheur de tous ses enfants ?

— Je le veux… je le veux…

— Sais-tu que la tâche sera longue, remplie de douleurs, hérissée d’épreuves, de périls ?

— Je le sais…

— Sais-tu qu’il y va de la vie ?… je ne dis pas de la mort… car ce n’est plus le temps de sortir de la vie d’ici par une mort facile et volontaire, afin de plaire à Hésus, et d’aller revivre ailleurs auprès de ceux que nous avons aimés ?… Non, non, mourir n’est rien pour le Gaulois, mais il est cruel pour lui de vivre esclave… et, pour plaire aujourd’hui à Hésus, il faut à cela te résigner, afin de travailler lentement, péniblement à la délivrance de notre race… T’y résignes-tu ?…