Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/83

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— Je m’y résigne…

— Quels que soient les maux dont tu souffriras, toi et les tiens, jures-tu par Hésus de ne porter ni sur toi ni sur eux une main homicide, et d’attendre pour t’en aller d’ici que l’ange de la Mort t’appelle à lui ?

— Je le jure par Hésus !

— Jures-tu, lorsque le signal de l’insurrection et du combat sera donné, du nord au midi, de l’orient à l’occident de la Gaule, jures-tu de frapper le Romain, ton maître, et de combattre jusqu’à la fin ?

— Je le jure…

— Jures-tu d’attendre, patient et résigné, le jour d’une terrible vengeance, et de ne te soulever qu’à la voix des druides, afin qu’un sang précieux ne coule pas en vain dans une révolte isolée ?

— Je le jure…

— Jures-tu d’envelopper dans une haine commune et les Romains et ces lâches Gaulois, traîtres à leur pays, qui se sont ralliés à nos oppresseurs pour accabler la vaillante plèbe gauloise épuisée par vingt ans de luttes ? Les hais-tu ces parjures, qui ont déserté la cause de la liberté afin de jouir en paix de leurs richesses, sous la protection de Rome, en mendiant aujourd’hui le titre de citoyens romains ?

— Je jure de haïr ceux-là autant que les Romains, et, lorsque l’heure sonnera, de les envelopper dans une même et terrible vengeance.

— Jures-tu… rude épreuve pour notre race, d’employer la dissimulation, la ruse, seules armes de l’esclave, afin d’endormir ton maître dans la sécurité, pour qu’au jour de la justice il se réveille dans l’épouvante ?

— Je le jure.

— Jures-tu de tenir secrètes et cachées à tes maîtres les réunions nocturnes des Enfants du Gui ? Jures-tu d’endurer toutes les tortures plutôt que de révéler la cause de ton absence de cette nuit, et que demain sans doute tu vas expier par le fouet et la prison ?

— Je le jure…