Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/178

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taine. — Hélas ! elle le poursuit partout, jusque dans ses idées de bataille !

– Marion, — reprit Victorin, — nous avons ici, sur le Rhin, deux cents barques de guerre à six rames ?

– Tout autant et bien équipées.

– Cinquante de ces barques te suffiront pour transporter le renfort de troupes d’élite, que tu vas conduire à nos alliés de l’autre côté du fleuve ?

– Cinquante me suffiront.

– Les cent cinquante autres, montées chacune par dix rameurs-soldats armés de haches, et par vingt archers choisis, se tiendront prêtes à descendre le Rhin jusqu’au promontoire d’Herfeld, où elles attendront de nouvelles instructions ; donne cet ordre au capitaine de la flottille en t’embarquant.

– Ce sera fait…

– Exécute ton plan de point en point, brave Marion… Extermine la réserve des Franks, incendie leur camp, leurs chariots… La journée est à nous si je force ces écorcheurs à la retraite.

– Et tu les y forceras, Victorin… c’est chez toi vieille habitude, quoique ta barbe soit naissante. Je cours chercher mon bon ami Eustache et exécuter tes ordres…

Avant de sortir, le capitaine Marion tira son épée, la présenta par la poignée à la mère des camps, et lui dit :

– Touchez, s’il vous plaît, cette épée de votre main, Victoria… ce sera d’un bon augure pour la journée…

– Va, brave et bon Marion, — répondit la mère des camps en rendant l’arme, après en avoir serré virilement la poignée dans sa belle et blanche main, — va, Hésus est pour la Gaule, qui veut vivre libre et prospère.

– Notre cri de guerre sera : Victoria la Grande ! et on l’entendra d’un bord à l’autre du Rhin, — dit Marion avec exaltation ; puis il