Plusieurs années se sont passées depuis que j’ai écrit pour toi, mon enfant, le récit de la grande bataille du Rhin.
L’extermination des hordes franques et de leurs établissements sur l’autre rive du fleuve a délivré la Gaule des craintes que lui inspirait cette invasion barbare toujours menaçante. Les Franks, retirés maintenant au fond des forêts de la Germanie, attendent peut-être une occasion favorable pour fondre de nouveau sur la Gaule. Je reprends donc ce récit d’autrefois après des années de douleur amère… De grands malheurs ont pesé sur ma vie ; j’ai vu se dérouler une épouvantable trame d’hypocrisie et de haine, cette trame, dont j’avais eu soupçon dès le récit précédent, a enveloppé ce que j’avais de plus cher au monde… Depuis lors, une tristesse incurable s’est emparée de mon âme… J’ai quitté les bords du Rhin pour la Bretagne, je suis établi avec ta seconde mère et toi, mon enfant, aux mêmes lieux où fut jadis le berceau de notre famille, près des pierres sacrées de la forêt de Karnak, témoins du sacrifice héroïque de notre aïeule Hêna…