Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Salomon qui dansaient devant lui, tu verras la danse de ces miliciens du diable, au son de nos bâtons ferrés battant la mesure sur leurs casques et sur leurs cuirasses !

— Vous laisserez-vous insulter plus longtemps par un seul homme, gens sans courage ? — s’écria l’officier à ses miliciens… — Oh ! si je n’avais l’ordre de ne pas quitter le Nazaréen plus que son ombre, je vous donnerais l’exemple, et ma grande épée aurait déjà coupé la gorge de ce bandit !

— Par le nombril d’Abraham ! c’est moi qui vais aller te percer le ventre, à toi qui parles si bien, et t’arracher notre ami ! — s’écria Banaïas… — Je suis seul… mais un faucon vaut mieux que cent merles.

Et Banaïas se précipita sur les miliciens, en faisant tournoyer avec furie son bâton ferré, malgré les prières de Jésus.

D’abord surpris et ébranlés par tant d’audace, quelques soldats du premier rang de l’escorte lâchèrent pied ; mais bientôt, honteux de ne pas résister à un seul homme, ils se rallièrent, attaquèrent à leur tout Banaïas, qui, accablé par le nombre, malgré son courage héroïque, tomba mort percé de coups. Geneviève vit alors les soldats dans leur rage jeter au fond d’un puits, voisin de l’arcade, le corps ensanglanté du seul défenseur du fils de Marie. Après cet exploit, l’officier, brandissant sa longue épée, se mit à la tête de sa troupe, et ils arrivèrent devant la maison du seigneur Ponce-Pilate, où Geneviève avait accompagné sa maîtresse Aurélie plusieurs jours auparavant.

Le soleil était déjà haut. Attirés par le bruit de la lutte de Banaïas contre les soldats, beaucoup d’habitants de Jérusalem, sortant de leurs maisons, avaient suivi les miliciens. La maison du gouverneur romain se trouvait dans l’un des plus riches quartiers de la ville ; les personnes qui, par curiosité, accompagnèrent Jésus, loin de le prendre en pitié, l’accablaient d’injures et de huées.

— Enfin, — criaient les uns, — le voilà donc pris ce Nazaréen qui portait le trouble et l’inquiétude dans notre ville !