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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/180

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— Chram, ce sont là, vois-tu, de ces choses qu’il faut accomplir soi-même… pour être assuré qu’elles réussissent…

— Tu dis cela, comte, à cause de ton frère Ursio tué de ta main…

— Notre grand roi Clovis, ton aïeul, et ses fils ne se sont-ils pas toujours ainsi eux-mêmes, et selon leur besoin, défaits de leurs plus proches parents ? D’ailleurs je peux parler sans crainte du meurtre d’Ursio… moi, j’en suis absous… j’ai payé…

— Tu as gardé l’héritage ?

— J’en ai abandonné au moins un quart à l’Église et à mon patron, l’évêque Cautin, pour racheter le meurtre…

— Tu y gagnes toujours les trois quarts de l’héritage.

— Tiens ! si je n’avais pas dû gagner à la mort d’Ursio, je ne l’aurais pas tué… je ne lui en voulais pas…

— Et moi, je n’en veux pas non plus à mes frères… seulement je désire être seul roi de toute la Gaule… Ainsi, comte, réponds, veux-tu t’engager, par serment sacré, à combattre pour moi à la tête de tes hommes ? je m’engagerais, par un serment pareil, à te faire duc d’une province à ton choix et à t’abandonner les biens, les trésors, les esclaves, les domaines du plus riche des seigneurs qui auront tenu pour mon père contre moi…

— Enfin, roi, tu veux que je te promette, en mon nom et en celui de mes leudes et de mes hommes, que nous obéirons à ta bouche, ainsi que nous disons en Germanie ?

— Oui, telle est ma demande.

— Mais ton père ? mais ton père ?…

— Déjà sa truste, avant la guerre contre les Saxons, a failli le massacrer… sais-tu cela ?

— Le bruit en est venu jusqu’ici.

— Mon projet est donc de faire tuer mes frères, de dire que mon père est mort pendant sa guerre contre les Saxons, et de me faire roi de la Gaule à sa place (X)…

— Mais lorsqu’il reviendra de Saxe avec son armée ?