Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/228

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vue chasser dans la forêt de Margerol… tu enverras ton veneur à ma villa ; il choisira six de mes plus beaux chiens pour remplacer ceux que tu regrettes…

— Je n’ai que faire de tes chiens… j’ai dit que je vengerais la mort de Mirff et de Morff ! — s’écria le comte en grinçant des dents de fureur ; — je vengerai la mort de Mirff et de Morff ! Gondulf, aux épieux ! aux épieux !…

— Sauvage campagnard ! tu manques à tous les devoirs de l’hospitalité en refusant la demande du fils de ton roi, — dit le Lion de Poitiers à Neroweg, — de même que tu nous as outragés, nous, tes hôtes, en empêchant ta femme d’assister au festin et en faisant enlever ta vaisselle avant la fin du repas… Tu es donc plus ours que cet ours, que tu ne tueras pas… je te le défends… car le bateleur s’est mis sous la protection de Chram et de nous autres, ses hommes…

— Compagnons ! — s’écria Sigefrid, — laisserons-nous insulter plus longtemps celui dont nous sommes les compagnons et les fidèles ?

— Les entendez-vous, ces brutes rustiques ? — dit l’un des guerriers de Chram. — Les voici encore à aboyer sans oser mordre.

— Moi, Neroweg, roi dans mon burg, comme le roi dans son royaume, je tuerai cet ours ! et si tu dis un mot de plus, toi qu’on appelle Lion, je t’abats à mes pieds, effronté renard de palais !…

— Une injure ! à moi… sanglier boueux ! — s’écria le Gaulois renégat, pâle de colère, en tirant son épée d’une main et de l’autre saisissant le comte au collet de sa dalmatique. — Tu veux donc que ta gorge serve de fourreau à cette lame ?…

— Ah ! double larron ! tu veux m’arracher mes colliers d’or ! — s’écria Neroweg, ne pensant qu’à défendre ses bijoux, et croyant, au geste de son adversaire, que celui-ci le voulait voler. — J’ai donc eu raison de mettre ma vaisselle à l’abri de vos griffes à tous…

— Ainsi, nous sommes tous des larrons… Aux épées ! hommes de la truste royale ! aux armes ! vengeons notre honneur ! écharpons ces rustauds !…