Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/39

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— L’évêque Macaire, il y a vingt ans, m’a dit de me mettre tout nu dans la grande auge de pierre de sa basilique, et puis il m’a jeté de l’eau sur la tête en marmottant des mots latins.

— Enfin, tu es catholique, puisque tu as communié au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, trois personnes en une seule, qui est Dieu, puisqu’il est seul, et que pourtant il est trois. En raison de quoi tu dois me respecter et m’obéir comme à ton père en Christ !

— Patron, tu veux m’embrouiller par tes paroles. Écoute à ton tour : notre grand roi Clovis, à la tête de ses braves leudes, a conquis et asservi la Gaule. Mon père, Gonthram Neroweg, était l’un de ces guerriers, et…

— Ton grand roi ?… S’il a conquis la Gaule, n’est-ce pas aux évêques qu’il la doit, cette conquête ? N’ont-ils pas facilité sa victoire en ordonnant aux peuples de se soumettre ? Ton grand roi Clovis ! il n’eût jamais été qu’un chef de brigands, s’il n’eût embrassé la foi catholique ! Qu’est-ce qu’a fait saint Rémi lorsqu’il l’a oint du saint chrême dans la basilique de Reims et l’a baptisé fils soumis de la sainte Église ? Il l’a fait agenouiller, ton grand roi Clovis, lui disant : Courbe la tête, fier Sicambre ! Brûle ce que tu as adoré… Adore ce que tu as brûlé ! … Ce qui signifiait : tu as pillé… tu as violé… tu as saccagé… tu as massacré… mais surtout, là est le péché, tu as pillé les saints lieux ; donc, à cette heure, humilie-toi ! courbe la tête devant le clergé… obéis-lui, enrichis l’Église, et les évêques te feront reconnaître souverain de la Gaule ; Clovis a suivi ce conseil ; il a donné d’immenses richesses à l’Église ; aussi est-il allé tout droit jouir des délices et des parfums du paradis.

— Patron, tu ne me laisses jamais parler…

— Va, je t’écoute.

— Le grand roi Clovis a conquis la Gaule…

— Voilà qui est nouveau. Ensuite ?

— Quand vivait Théodorik, celui des fils du grand roi Clovis qui a eu l’Auvergne parmi ses royaumes, il m’a donné ici de grands