vous quitter pendant quelques instants ; mais, rassurez-vous, ces jeunes gens vous traiteront en sœur.
À peine Septimine avait-elle remercié le vieillard par un regard rempli de gratitude, que l’intendant dit en fermant le coffre : — Et l’on n’a pas de nouvelles d’Eleuthère, ce fuyard ?
Le vieil orfévre fit un signe d’intelligence aux esclaves qui avaient tous levé la tête au moment où le nom d’Eleuthère avait été prononcé ; tous se remirent à leurs travaux, tandis que le vieillard disait à l’intendant : — Vous le voyez, Ricarik, rien ne manque dans le coffre.
— Tout esclave est larron… s’il ne dérobe rien, ce n’est pas l’envie de voler qui lui manque. — Puis refermant le coffre : — Ainsi donc aucune nouvelle de cet Eleuthère ?
— Aucune.
— Que peut-il être devenu ?
— Nous ne savons.
— Cette disparition doit cependant vous étonner, vous autres ? — dit Ricarik en promenant son regard perçant sur les apprentis.
— Il aura trouvé moyen de s’enfuir, — dit le jeune garçon qui avait cru reconnaître Eleuthère dans le cloître ; — il avait depuis longtemps l’idée de se sauver.
— Oui, oui, — répétèrent les deux autres apprentis, — Eleuthère nous avait toujours dit qu’il voulait se sauver.
— Ah ! il vous l’avait dit !
— Oui, seigneur Ricarik.
— Et pourquoi ne m’en avez-vous pas instruit, chiens d’esclaves ? — s’écria l’intendant. — Vous êtes donc ses complices ?
Les jeunes gens restèrent cois, les yeux baissés. Le Frank ajouta :
— Ah ! vous avez gardé le silence ! votre échine vous cuira !
— Ricarik, — reprit le vieil orfévre, — ces jeunes gens babillent comme des geais, et n’ont pas plus de cervelle que ces oisillons… Eleuthère a souvent dit comme tant d’autres : « Ah ! que je voudrais