Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/244

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— Terrible… puis sans doute fort enorgueilli d’avoir procréé une commère capable de porter sur son dos des archichapelains, l’auguste empereur pardonna aux coupables ; ils vécurent depuis en amour et en joie.

— Cet archichapelain était un prêtre, cependant ?

— Hé ! hé ! mon jeune ami, les filles de l’empereur sont loin de mésestimer les prêtres. Berthe, une autre de ses filles, lorsqu’il y a six mois j’ai quitté la cour, estimait de toutes ses forces Enghilbert, le bel abbé de Saint-Riquier (B). Cependant, l’impartialité m’oblige d’avouer qu’une des sœurs de Berthe, nommée Adeltrude, estimait non moins fortement le comte Lantbert, un des plus vaillants officiers de l’armée impériale. Quant à la petite Rothaïde, autre fille de l’empereur, elle ne refusait point non plus sa vive estime à Romuald, qui s’est fait un nom glorieux dans nos guerres contre les Bohémiens. Des autres princesses, je ne te parlerai pas, car voici plus de six mois que j’ai quitté la cour, et je craindrais de médire sur leur compte. Toujours est-il que la crosse et l’épée se disputent généralement l’amoureuse tendresse des filles de Karl. J’excepte pourtant Thétralde, la plus jeune d’entre elles, trop novice encore pour estimer quelqu’un : quinze ans à peine ! une fleur ! ou plutôt le bouton d’une fleur prête à s’épanouir !… Je n’ai rien vu de plus charmant ! lors de mon départ de la cour, Thétralde promettait d’effacer, par sa douce et franche beauté d’Hébé, toutes ses sœurs et toutes ses nièces ; car j’oubliais ce détail, mon jeune ami, les filles des fils de Karl, élevées avec ses filles, sont non moins charmantes. Tu les verras ; ton admiration n’aura qu’à choisir entre Adélaïd, Atula, Gondrade, Berthe ou Théodora !

— Quoi ! toutes ces jeunes filles habitent le palais de l’empereur ?

— Certes, sans compter leurs suivantes, leurs gouvernantes, leurs caméristes, leurs lectrices, leurs cantatrices et autres innombrables femmes de service. Par Vénus ! mon Adonis, on voit dans le palais impérial encore plus de cotillons que de cuirasses ou de robes de prê-